Antilles : la gestion des sargasses critiquée par la Cour des comptes

Par 05/06/2025 - 15:25

La gestion des algues sargasses qui s'échouent massivement aux Antilles reste chaotique et mal encadrée, estime la chambre régionale des comptes (CRC) des Antilles-Guyane dans un rapport publié ce jeudi (5 juin), pointant des lacunes juridiques, financières et organisationnelles.

    Antilles : la gestion des sargasses critiquée par la Cour des comptes
@Gilles Morel

Comment les collectivités des Antilles les plus touchées par les sargasses ont-elles agi pour contrer le phénomène ?

C’est une question sur laquelle se sont penchées les Chambre régionale des comptes de Guadeloupe, Martinique et de Guyane.

Pour se faire, elles ont contrôlé la gestion des sargasses depuis 2011 de trois communes des îles de Guadeloupe, des collectivités de Saint-Barthélemy et Saint-Martin et deux communes de Martinique.

Absence de statut juridique

« L'absence de statut juridique de la sargasse » rend « complexe la lutte contre le phénomène », note tout d'abord l'institution, soulignant que la responsabilité revient aux maires, alors que de nombreux acteurs publics interviennent sans coordination claire sur le littoral.

Toutefois, les communes, souvent en difficulté financière, n'ont pas intégré cet aléa dans leurs documents de gestion des risques. Résultat : elles peinent à faire face lors d'échouages massifs, comme ceux survenus cette année.

Selon des scientifiques américains, quelque 31 millions de tonnes de sargasses dérivent actuellement dans l'océan Atlantique. Ces algues brunes touchent les Antilles depuis 2011, mais aussi la Guyane, le golfe du Mexique, l'Afrique de l’Ouest ou encore l'Amérique centrale.

Des défaillances financières

La CRC déplore aussi un manque d'information du public sur les émanations toxiques libérées par les algues en décomposition, aux effets sanitaires documentés.

Elle critique aussi des défaillances financières dans leur gestion. « La comptabilisation du coût réel de la gestion des sargasses n'est pas fiable, sauf pour les îles du Nord », Saint-Martin et Saint-Barthélemy, qui ont installé des systèmes de contrôle, note la Cour.

Seule Saint-Barthélemy fait office de bonne élève, en ayant « intégré la lutte contre les sargasses dans une vision de long terme du territoire, (...) intégralement financée par la collectivité ».

Des sites de stockage non-conformes

Ailleurs, les dépenses sont mal tracées, les équipements parfois « financés à perte », faute d'entretien et de compétences. 

Certains terrains de stockage ne respectent pas « les normes juridiques, sanitaires et environnementales », relève le rapport.

Invité de Parlons Vrai, sur notre antenne, ce jeudi matin (5 juin), le préfet de la région Guadeloupe, Xavier Lefort, reconnaît une problématique au niveau du stockage.

C’est un sujet sur lequel on travaille avec la Deal (Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement) depuis plusieurs mois, et notamment avec l’Ineris, un établissement public chargé des risques industriels, pour pouvoir améliorer les conditions de stockage. On travaille avec les collectivités pour identifier de nouveaux sites et avoir des conditions de stockage beaucoup plus sécurisées.

Des barrages parfois efficaces

Le rapport mentionne aussi des barrages flottants expérimentaux, parfois efficaces mais coûteux à entretenir.

Le préfet de la région Guadeloupe reconnaît, là aussi, que certains fonctionnent et d’autres moins.

A La Désirade, on fondait beaucoup d’espoirs sur le barrage qu’on a mis en place avec Loïc Tonton. Il a moins marché que ce qu’on imaginait.

La science tâtonne encore sur les causes du phénomène alors que ces algues brunes étouffent la biodiversité quand elles s'échouent et ont des impacts sanitaires ainsi qu'économiques et touristiques.

 


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