Haïti : les gangs plus brutaux et mieux armés selon des experts de l'ONU
Les gangs qui étendent leur emprise sur Haïti avec de plus en plus de « brutalité » ont renforcé leur puissance de feu malgré l'embargo sur les armes, s'inquiètent des experts de l'ONU dans un rapport publié, ce mardi (24 juin).
Le groupe d'experts chargé de surveiller l'application des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU « est préoccupé non seulement par le fait que la violence des gangs se propage à travers le pays, mais aussi par la brutalité croissante qui la caractérise », note le rapport publié ce mardi (24 juin), mettant en lumière plusieurs « massacres » d'ampleur, en plus des meurtres, enlèvements et viols.
Puissance de feu
« En l'absence de riposte efficace de la part du gouvernement, les gangs gardent les coudées franches pour mener des attaques en toute impunité et étendre leur contrôle territorial ». Une domination permise, notamment, par leur puissance de feu.
En 2022, le Conseil de sécurité a mis en place un régime de sanctions incluant un embargo ciblé sur les armes, renforcé ensuite pour interdire tous les transferts d'armements vers Haïti, pays plongé dans une grave crise sécuritaire, humanitaire et politique.
Mais l'embargo, à l'application « très limitée », n'a pas d'incidences notables sur la capacité des gangs, déplore le rapport. Et ceux-ci « continuent d'acquérir suffisamment d'armes et de munitions pour maintenir leur puissance de feu sur plusieurs fronts ».
Fusils-mitrailleurs
Au cours de la période considérée (octobre 2024 à février 2025), ils ont notamment pu se procurer « des quantités croissantes » de fusils-mitrailleurs, « renforçant ainsi leur capacité létale et ajoutant aux difficultés rencontrées par les forces de sécurité ».
En plus du trafic d'armes en provenance des Etats-Unis, les experts notent des « détournements » de stocks de la police haïtienne et de ceux de la République dominicaine voisine, grâce à des agents corrompus.
De manière générale, et malgré le déploiement partiel de la Mission multinationale de soutien à la sécurité menée par le Kenya, sous-financée et sous équipée, « très peu de progrès » ont été faits pour le « rétablissement de la sécurité publique » en Haïti.
« Les gangs resteront en position de force si la communauté internationale n'apporte pas un soutien plus énergique », alertent les experts.
Groupes d’auto-défense
Dans ce contexte, les actions de groupes d'autodéfense se sont multipliées, notamment les lynchages collectifs de membres présumés de gangs. Et le groupe d'experts est « préoccupé par la collaboration croissante » entre ces groupes et certains policiers. Des policiers qui sont d'autre part de plus en plus souvent accusés d'une « utilisation aveugle de la force létale et d'exécutions extrajudiciaires ».
Les experts, se basant sur leurs entretiens avec des sources confidentielles en Haïti, soulignent que les gangs bénéficient du soutien de « personnalités du monde politique et de la sécurité » qui veulent s'en servir « pour prendre le pouvoir ».