Des réactions après la démolition du Kabana Beach sur la plage du Souffleur

Par 16/06/2025 - 18:20 • Mis à jour le 17/06/2025 - 06:02

Le préfet de Région, Xavier Lefort, a fait exécuter des décisions de justice ce lundi (16 juin). Le Kabana Beach, construit sur la plage du Souffleur, à Port-Louis, a été démoli, ce qui n’a pas manqué de susciter des réactions.

    Des réactions après la démolition du Kabana Beach sur la plage du Souffleur
@Franck Hiroquoy

Après deux ans de procédures judiciaires, le Kabana Beach a été démoli, ce lundi (16 juin), sur la plage du Souffleur à Port-Louis. L'opération de destruction a débuté dès 6 heures.

En dépit des décisions de justice, le propriétaire des lieux n’avait pas fait place nette.

Les autorités, en présence du préfet, ont décidé de passer à l’action en mettant en application l’arrêt de la cour administrative d’appel du 4 juillet 2024.

« En exécution d’une décision de justice »

Selon le préfet de Région, Xavier Lefort, toutes les voies de recours avaient été épuisées par le propriétaire du Kabana Beach.

À 6 heures du matin a été déclenchée l'opération de destruction du Kabana Beach. C'est une opération qui a été conduite en application des décisions de justice. D'abord du tribunal administratif, puis de la cour administrative d'appel, qui a ordonné, en juin dernier, la démolition sous quatre mois du Kabana Beach. Par ailleurs, le tribunal judiciaire de Pointe-à-Pitre a également condamné le Kabana Beach avec une demande de destruction. On est ce matin en exécution, c'est très important de le rappeler, d’une décision de justice. Le travail d'un préfet, c'est d'appliquer la loi et les règlements dans son département et d'appliquer la justice. C'est ce qu'on fait ce matin.

« Il y avait des moyens de conciliation »

Du côté de la classe politique, plusieurs réactions se sont fait entendre, au rang desquelles celle de Rody Tolassy, le député européen, qui s'est dit triste de cette issue dans le journal 13 heures et a plaidé pour une adaptation locale des lois pour la préservation du littoral.

Je suis extrêmement triste de voir comment on se comporte avec un jeune Guadeloupéen, un entrepreneur. C'est vrai qu'il y a des décisions de justice, mais cela a commencé parce que le maire de Port-Louis a déclaré la guerre à un jeune entrepreneur guadeloupéen qui a mis en place un très bel établissement. Je vois qu'on n'utilise pas les mêmes procédés, la même conviction, la même envie, la même détermination quand il s'agit de la violence des criminels, des voyous sur le territoire. Je pense qu'il y avait des moyens de conciliation. Il est vrai qu'il y a eu des ratés du côté du Kabana, mais il y a des voies de conciliation, de régularisation possible qui auraient pu être entrepris par la mairie de Port-Louis. Cela n'a pas été fait. Je crois que c'est une erreur. Mais nous ne pouvons pas appliquer les mêmes dispositifs dans nos territoires que sur le territoire hexagonal qui, lui, a déjà accompli les investissements, les infrastructures.

Un important dispositif de sécurité

L’opération de démolition a provoqué quelques heurts en milieu de matinée et les forces de l’ordre ont usé de gaz lacrymogène pour reprendre le contrôle de la situation.

Le général Christophe Perret, commandant de la gendarmerie de la Guadeloupe, a fait le point sur l’état des forces déployées pour cette intervention.

De nombreux moyens spécialisés, aériens, maritimes et aussi terrestres, ont été déployés. Nous avons, pour la première fois, utilisé, à titre préventif seulement, les véhicules d'intervention polyvalents de la gendarmerie, dits communément centaures, qui sont des véhicules blindés qui peuvent servir à plein de choses : maintien de l'ordre, secours à personne, déblaiement après ouragan, etc. Au niveau maritime, j'ai déployé l'ensemble de nos moyens, c'est-à-dire deux unités sur deux bateaux, deux embarcations de la gendarmerie qui s'assurent qu'il n'y ait personne qui arrive côté mer et aussi que des personnes qui auraient eu peur en nous voyant arriver, étant un peu alcoolisées sur la plage, ayant dormi là, ne partent pas dans l'eau et se noient. C'est aussi pour leur propre sécurité, mais on n'a pas eu besoin.

A noter que Nicolas Sémar, le gérant de l’établissement, sa femme Clarence Sémar et Anaël Durimel, son bras droit, ont été arrêtés et conduits à la gendarmerie du Moule.

« Une décision politique »

Après la démolition du Kabana Beach ce lundi, l’ancien maire de Port-Louis, Victor Arthein, s’est exprimé par voie de communiqué :

Depuis plusieurs années, nous assistons, impuissants, à une dérive autoritaire au sein de notre commune. L’affaire Kabana Beach, emblématique d’un élan entrepreneurial local, a été sabotée. Non pas par la loi, mais par des jeux d’influence, des blocages administratifs abusifs et une vision réductrice de notre potentiel collectif. Comment comprendre qu’un espace valorisé, entretenu, dynamisant pour la jeunesse et l'économie, soit détruit contre l’avis du peuple, contre les opportunités d’emploi et contre le bon sens ? Nous sommes nombreux à savoir que cette décision n’a rien d’innocent. Elle est politique. Elle est punitive. Elle vise à museler ce qui dérange, à étouffer ce qui fonctionne sans clientélisme. Kabana Beach, c’était plus qu’un lieu de loisirs. C’était un symbole d’une Guadeloupe qui avance, libre, responsable et entreprenante.

 

 


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