Prévention suicide : inauguration du centre de réponse téléphonique 3114 en Martinique
Lancé au mois de décembre dernier, le centre de réponse téléphonique 3114 a été officiellement inauguré ce lundi (23 juin). Ce service gratuit et confidentiel dédié à la prévention du suicide est accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Ce lundi (23 juin), le centre de réponse téléphonique 3114 a été inauguré en Martinique, à l’initiative de l’Agence régionale de santé et du centre hospitalier Maurice Despinoy.
Le centre d’appel existe depuis le mois de décembre en Martinique et offre une écoute du lundi au vendredi de 9 à 18 heures.
En dehors de ces horaires, la continuité est assurée par le centre de Montpellier avec une prise en charge 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
L’équipe des répondants est constituée de quatre infirmiers en psychiatrie, formés à l’écoute active, à l’évaluation du risque suicidaire et à l’orientation vers un dispositif adapté.
Un numéro gratuit et confidentiel
3114 est un numéro gratuit, confidentiel et accessible à tous créé dans le cadre du Ségur de la santé.
Son ouverture en Martinique est une étape majeure dans la lutte contre le suicide.
Depuis son lancement, 119 appels ont été décrochés entre le 10 et le 31 décembre 2024. 276 appels ont été traités au 1er trimestre 2025, venant de Martinique, de Guadeloupe, de Guyane, et même de l’Hexagone.
« Une écoute bienveillante »
Paul-Alexandre Thien, infirmier répondant sur le 3114, explique sa mission.
Ce qu'on observe concernant les gens qui appellent de Martinique, c'est qu’ils sont généralement très isolés, en souffrance, qui n'ont pas forcément eu d'accès aux soins dans un premier temps. Et notre rôle, c’est de garder le contact avec ces personnes pour les accompagner vers du soin de qualité. On va dans un premier temps créer du lien avec eux, essayer de comprendre leur problématique, être à l'écoute, dans une écoute bienveillante et non jugeante. Et on va avoir ce rôle d'évaluateur du risque suicidaire. Ça va être de la simple réassurance parfois, jusqu'à la mise en lien ou la mise en connexion avec des professionnels de santé, et jusqu'à, si nécessaire, l'envoi de secours avec la police, les pompiers, le SAMU, si nécessaire. Il n'y a pas de profil type. On a des appelants qui sont très jeunes, d’autres très vieux. Des appelants qui sont en situation de précarité, d’autres dans une aisance très correcte. Certains ont des pathologies, d'autres n'en ont pas. C’est très variable.
Une réponse de proximité
Ce centre 3114 est aussi une réponse de proximité, comme l’explique Yves Servant, le directeur régional de l’ARS.
En matière de proximité, il nous faut réfléchir à tout ce qui est accès au droit et accès à l'offre de soins. L'accès au droit, c'est la connaissance de ces dispositifs par l'ensemble de la population. Tout le monde doit savoir que ça existe et que quand on est en difficulté, on peut appeler ce numéro. Et puis l'accès également physique, ce qui est une dimension du soin importante. Où dois-je aller ? Quel déplacement dois-je faire ? Quels sont les transports qui sont disponibles pour me permettre de me rendre jusqu’au soignant qui va me prendre en charge.
« Parfois l’urgence est immédiate »
Les appels d’urgence arrivent régulièrement, comme l’explique Paul-Alexandre Thien, infirmier répondant sur le 3114.
On a des appels régulièrement sur le 3114, pas forcément de Martinique, et il arrive qu’ils soient souvent très complexes avec des personnes qui mobilisent beaucoup de ressources. C'est extrêmement énergivore et chronophage. On doit mobiliser énormément d'acteurs (Samu, pompiers et parfois la police). Ce sont des situations qui prennent du temps et qui peuvent être impactantes émotionnellement. Parfois, l'urgence est immédiate. Il y a des gens qui nous appellent en nous disant avoir passé à l'acte. Donc, il y a une nécessité d'intervention très rapide. On va garder la personne en ligne jusqu'à l'intervention des secours. Ça peut être très rapide. Et parfois, on a des situations très complexes avec plusieurs facteurs de souffrance qui font qu'on doit un petit peu tout démêler. Et ça peut prendre plusieurs heures.
L’offre de soins
L’orientation du patient dépend de l’état clinique dans lequel il se trouve, indique le Dr Rémy Slama, psychiatre et président de la commission médicale d’établissement du centre hospitalier Maurice Despinoy.
L’une des orientations principales, c'est la psychiatrie de secteur, c'est-à-dire nos centres médico-psychologiques qui sont implantés sur toute la Martinique et qui sont vraiment un premier niveau de réponse extrêmement intéressant parce qu’ils sont à proximité des gens et bien identifiés. Quand on les adresse vers des centres médico-psychologiques, ils vont être reçus par un infirmier qui va évaluer la situation et qui va très rapidement, parfois même le jour même, proposer une orientation soit vers le psychologue, soit vers le psychiatre ou parfois vers le psychologue et le psychiatre. Il va présenter la situation clinique au médecin ou en réunion d'équipe et on va pouvoir décliner pour ce patient une offre de soins adaptée à sa situation. On peut aussi, en fonction des désirs des gens ou de leur rapport vis-à-vis du système de soins, orienter vers une prise en charge privée. L'équipe va orienter soit vers un psychologue, soit vers les quelques psychiatres privés que nous avons sur l'île. Et elle peut aussi orienter vers l'offre privée, comme les cliniques qui prennent en charge des troubles anxio-dépressifs. Il y a aussi d'autres offres de soins qui peuvent être complétées. Nous avons, par exemple, une offre de soins qui est non-médicamenteuse, qui va consister à des prises en charge dans des groupes de parole ou des groupes thérapeutiques.
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