Lutte contre l’insécurité en Martinique : le point sur les 71 mesures engagées
Le Comité de suivi du contrat territorial de prévention et de sécurité s’est réuni, hier (mercredi 23 mai), en préfecture, pour faire le point sur les 71 mesures arrêtées en mars 2024 et qui doivent être en vigueur d’ici 2028.

Le second Comité de suivi du contrat territorial de prévention et de sécurité de la Martinique s’est tenue hier (mercredi 21 mai) à la préfecture.
Alors que notre île comptabilise déjà treize homicides depuis le début de l’année, il s’agissait de faire le point sur les 71 mesures arrêtées en mars 2024 et qui doivent être en vigueur d’ici 2028.
Préfet, procureur, élus locaux, CTM, Association des maires, rectorat et professionnels de la sécurité étaient réunis.
Le mot d’ordre ? Le partage d’informations entre les différents services de l’Etat, en toute transparence.
« Renforcer notre action sur certains points »
Outre les questions de sécurisation du port et de l’aéroport, celle de la réinsertion a notamment émergé. C'est l'un des points abordés par Etienne Desplanques, préfet de Martinique.
Nous avons convenu ensemble qu'il y avait des points sur lesquels il fallait qu'on renforce notre action. Je pense notamment à la protection des flux sur le port et l'aéroport, avec un arbitrage qui est compliqué entre plus de contrôles, mais ne pas toucher la fluidité. Et puis également, on a évoqué la question de la réinsertion des personnes au parcours délinquant ou sortir du centre de détention de Ducos, où je crois qu'avec la Collectivité territoriale de Martinique, en utilisant notamment les fonds européens, nous pourrions être exemplaires en la matière et éviter la réitération de faits graves. Très bientôt va ouvrir un sas, c'est à dire une capacité supplémentaire au centre de Ducos pour des personnes qui ne sont pas loin de la sortie de prison, pour préparer en quelque sorte leur sortie. Ces détenus ont des problèmes de logement, d'emploi, parfois psychiques ou de santé. On veut éviter qu'ils replongent. On dispose de fonds européens exceptionnels, qui ne sont pas forcément tous utilisés, et bien on pourrait peut-être les mettre là-dessus.
« On blanchit de l'argent ici, ça se voit »
Pour la sénatrice Catherine Conconne, c’est notamment sur le blanchiment d’argent qu’il faut ouvrir l’œil.
On a pu constater beaucoup d'avancées du côté des forces de l'ordre, avec aujourd'hui des radars qui sont installés, qui sont en cours de test pour être opérationnels. Il y a un certain nombre d'équipements qui sont arrivés et qui vont continuer d'arriver, des moyens motorisés pour la brigade nautique, etc. Donc, il y a des choses qui se passent. La priorité des priorités, c'est de protéger le territoire, tout faire pour que ça ne rentre pas. Parce que quand ça rentre, on se rend compte qu'il y a des phénomènes de gangs qui se montent. Par ailleurs, il faut absolument que tout le monde soit observateur. On blanchit de l'argent ici, ça se voit. Il y a des magasins qui sont ouverts et qui n'auront pas de chiffre d'affaires, qui n'ont pas d'activités. Il y a des gens que l'on voit dépenser au-delà de leurs revenus. Donc ça doit attirer l'attention et ça dans toutes les couches de la population. Tous les métiers où il y a de la circulation d'argent - notaires, banque, agences immobilières - doivent être en mode vigilance.
Lors du premier bilan, dressé le 8 janvier dernier, tous s’accordaient à dire que les engagements pris ont été respectés, même si un manque de moyens reste à déplorer.
« Avancer en innovant »
Mais pour le procureur de la République, Yann le Bris, pour renforcer l’action sécuritaire, il faut être capable d’innover avec les moyens dont on dispose déjà.
Je crois que plus on va nous donner des moyens et plus on pourra travailler. C'est une évidence. Et je ne suis pas de ceux qui ne sollicite aucun moyen. Au contraire, j'essaye de justifier des demandes de magistrats supplémentaires comme le fait la Cour d'appel de son côté auprès du ministère. Cela étant dit, la question des moyens ne résout pas tout. Il faut aussi qu'on soit capable d'avancer en innovant, en étant encore plus actif avec les moyens dont on dispose. Je crois qu'il faut avancer sur deux pieds. Un premier pied qui consiste d'abord à travailler avec nos moyens pour renforcer nos organisations et nos collaborations, pour être encore plus efficaces collectivement avec les collectivités locales, avec les forces de police et de gendarmerie, avec les moyens dont on dispose et bien évidemment, compte tenu du contexte particulier de la Martinique, lorsque c'est possible, solliciter des moyens complémentaires. Mais la demande de moyens en tant que telle ne sera pas la solution à tous les maux que rencontrent aujourd'hui ce territoire.
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